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Raphaël Coleman, écrivain
15 mars 2018

Focus sur "Boomerang", roman de Tatiana de Rosnay, et son adaptation ciné

Je ne pouvais pas ne pas consacrer un article, ne serait-ce même que quelques lignes, à ce magnifique roman de Tatiana de Rosnay qu'est Boomerang. Parce que je crois bien que de mémoire de lecteur, jamais aucun bouquin ne m'a autant parlé, comme si l'auteure l'avait écrit juste pour moi, comme si elle savait ce que je ressentais moi, en mon for intérieur.

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Dire que je l'ai adoré, qu'il m'a embarqué du début à la fin ne serait pas suffisant, c'est très en-dessous de la vérité. J'ai été littéralement happé par ce récit qui m'a bouleversé, au point de devoir m'accorder une pause littéraire pour m'en remettre émotionnellement, tant je me suis identifié à Antoine, le "héros".

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Tatiana de Rosnay et moi, c'est d'abord une grande histoire d'amour entre un lecteur et une auteure. Une histoire qui a débuté il y a longtemps, lorsque j'ai rencontré ses mots via Le voisin, un récit qui m'a fortement influencé dans la construction de mon thriller Shooting Brake. J'ai depuis lu nombre de ses livres (Spirales, Moka, A l'encre russe, Rose, Son carnet rouge, Ozalide), dont mes préférés étaient jusqu'à présent Elle s'appelait Sarah, Le voisin et Le coeur d'une autre. Jusqu'à ce que je lise Boomerang.

Mais avant que je ne vous révèle les raisons pour lesquelles ce roman m'a autant plu, je vous laisse découvrir le quatrième de couverture afin que vous puissiez vous faire une idée du postulat  :
"Sa soeur était sur le point de lui révéler un secret... et c’est l’accident. Elle est grièvement blessée. Seul, l’angoisse au ventre, alors qu’il attend qu’elle sorte du bloc opératoire, Antoine fait le bilan de son existence : sa femme l’a quitté, ses ados lui échappent, son métier l’ennuie et son vieux père le tyrannise. Comment en est-il arrivé là ? Et surtout, quelle terrible confidence sa cadette s’apprêtait-elle à lui faire ? Entre suspense, comédie et émotion, Boomerang brosse le portrait d’un homme bouleversant, qui nous fait rire et nous serre le coeur. Déjà traduit en plusieurs langues, ce roman connaît le même succès international que Elle s’appelait Sarah."
Antoine, c'est moi. Pas sur tous les plans bien sûr (je suis fils unique, non divorcé...), mais nous avons le même âge, la même sensibilité sans doute, et surtout perdu notre mère au même âge, dans des circonstances un peu floues, un peu mystérieuses. Circonstances que personne ne souhaite préciser, confirmer ou démentir, une fois qu'adulte on se met à fouiner, à poser les questions qui dérangent l'entourage. L'histoire de Clarisse (la maman d'Antoine et de sa petite soeur Mélanie) n'est pas la même que celle de ma mère, mais elle comporte tout autant de secrets qu'il convient de ne jamais révéler au grand jour. Pourtant, connaître la vérité sur les circonstances d'un décès, même dans ce qu'elle a de plus dérangeant, est un préalable nécessaire à tout deuil. Sans cette vérité, l'adulte a du mal à se construire, à s'épanouir dans sa propre vie parce qu'il est comme amputé d'une partie de lui-même, d'une racine qui est aussi l'essence de ce qu'il porte en lui.

th19Antoine, ce n'est pas un super-héros à la Marvel, c'est un type ordinaire, paumé, à la recherche de son passé.  Parce que parvenu au seuil de la quarantaine, on commence doucement à faire le bilan de sa propre vie, à regarder dans son rétroviseur. Et ce personnage est finalement terriblement humain, loin des héros surfaits, caricaturaux ou manichéens que nous présentent parfois les fictions qui nous sont proposées. Et c'est une sacrée gageure pour un auteur de réussir à captiver son public , susciter son intérêt pour un mec normal, avec ses défauts, ses failles, les blessures que lui a infligées sa vie. Défi relevé ici de main de maître par Madame de Rosnay ! Nous  suivons donc avec avidité cet homme attachant tout au long de sa quête, la reconstruction du puzzle de l'existence de sa mère, à partir d'éléments glanés ici et là. Comme j'ai pu le faire moi pour la mienne, en me heurtant aux mêmes murs.

Le tout étant servi par l'élégance et la justesse de la plume de Tatiana (le roman a été écrit en anglais, comme Elle s'appelait Sarah ou Rose, l'auteure étant bilingue), à peine entâché de quelques passages un peu trop sanguignolents à mon goût, mais jamais gratuits.
Et ce bouquin m'a tellement plu qu'il m'a donné envie de voir l'adaptation cinématographique qui en avait été faite en 2015. Si la bande-annonce laissait entre-apercevoir de notables différences avec le roman, la présence de Mélanie Laurent au casting ainsi que le montage du trailer achevèrent de me convaincre.

Mais en dépit d'indéniables qualités d'interprétations (le jeu des acteurs est parfait) et d'images (exceptées pour certains flashbacks à la photographie trop sombre), j'ai été infiniment moins touché qu'à travers le roman, en tout cas pendant toute la première moitié du film. Et j'ignore si ce relatif détachement (c'est moins vrai pour la fin) est dû à une réalisation somme toute assez lisse et sans relief, ou aux trop nombreuses libertés prises par rapport au récit initial.
Cela étant, s'il souffre de la comparaison avec son homologue de papier, ce long métrage reste de très honnête facture et se laisse regarder sans déplaisir si l'on fait abstraction du roman dont il est adapté.
Car pour moi, personne ne saura jamais mieux raconter cette si belle histoire que Tatiana de Rosnay. Un grand merci à elle !
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